1959 Bunny est veuve et elle doit accepter un emploi au Maroc pour la période d’été elle décide de confier ses quatre filles Flora 17 ans, Pam 16 ans, Margot 15 ans et Dot 12 ans à son beau-frère Perry et sa belle-sœur Sybil qui habitent le beau manoir d’Applecote. Cinq ans auparavant Audrey la fille de Sybil et Perry a disparu et personne ne sait ce qu’elle est devenue. 2009 Jessie et Will sont mariés depuis 2 ou 3 ans, ils ont ensemble une petite fille Romy et Will, qui était veuf, a une fille Bella de 15 ans. Ils décident d’aller habiter à la campagne pour le bien des filles, ils trouvent l’endroit parfait : le manoir d’Applecote.
Les deux périodes se répondent de chapitre en chapitre, 1959 et 2009 et ces deux familles feront face à un grave évènement qui remettra en question les liens familiaux. Eve Chase confirme son talent et nous propose une nouvelle histoire que vous ne lâcherez pas.
Kaspar, à la mort de Birgit son épouse découvre son passé et l’existence d’une enfant cachée née en 1965, avant son passage de RDA en RFA. Il part à sa recherche, la retrouve et se lie d’amitié avec Sigrun, adolescente de 14 ans petite-fille de Birgit élevée dans un mouvement d’extrême droite nationaliste. L’auteur distille avec subtilité l’évolution de la relation de Kaspar avec la petite-fille, gravement intoxiquée par le milieu de son éducation négationniste. Ouverture à la diversité du monde, culture, musique, arts, il met tout ce qu’il peut en œuvre pour rendre plus grise la noirceur de Sigrun. Une relation émouvante et apaisée, pourtant improbable, finit par s’établir entre ces deux êtres de chair et de sang.
Mr Stevens, majordome a servi avec rigueur et fidélité un lord Anglais pendant environ 35 ans de 1920 à 1955. Suite au rachat de la propriété, son nouvel employeur, un riche américain lui octroie quelques jours de congés. Un voyage à la recherche de Miss Kenton, ancienne intendante lui fait découvrir la campagne anglaise qu’il parcourt avec gourmandise en se remémorant son passé, le faisant ainsi découvrir au lecteur. Un livre magnifique d’où se dégage une atmosphère nostalgique des événements passés avec parfois l’amertume d’avoir raté une occasion, tant la haute estime de son devoir primait toute autre circonstance. Cette parenthèse enchantée offre au majordome l’opportunité de s’interroger sur la façon d’exercer son art, d’évaluer la façon dont il a habité et habite sa fonction comme un véritable sacerdoce. Très belle découverte !
Deux couples se forment et se séparent sur la ligne Hankyu Takarazuku, des jeunes et des moins jeunes s’y croisent dans un savant ballet de personnalités qui se heurtent parfois mais ressortent toujours transformées de ce trajet en train apparemment anodin. Un roman léger sur les destins qui se croisent et les hasards qui dirigent nos vies.
Le nouveau roman de J. Courtney Sullivan reprend les thèmes qui lui sont chers et nous immisce au cœur de l’amitié entre deux femmes que tout sépare. Porté par une écriture maîtrisée et d’une justesse psychologique impressionnante, nous montre comment une simple année peut changer le cours d’une vie. Elisabeth a déjà une belle carrière de journaliste et d’écrivaine derrière elle. Après avoir vécu à New York, elle suit son mari Andrew dans sa ville natale au nord de l’état où il vient de décrocher une bourse lui permettant de développer une idée géniale : un barbecue solaire ! Après de nombreuses tentatives ils viennent d’avoir un bébé et veulent voir dans cette nouvelle vie un nouveau berceau pour leur famille. Elisabeth est brouillée depuis plusieurs années avec sa famille dysfonctionnelle et se retrouve éloignée de sa meilleure amie. Les parents d’Andrew se trouvent maintenant proches de chez eux, mais elle accorde peu de confiance à Faye pour s’occuper du bébé, et fait la sourde oreille aux tentatives de Georges qui aimerait qu’elle choisisse sa théorie sur la triste évolution de la société américaine comme sujet de son prochain livre. Les réunions du cercle de lecture local, prétextes pour les femmes du quartier à boire et médire sur les absentes, accentuent son sentiment de ne pas être à sa place. Ne trouvant pas son équilibre dans cette nouvelle vie, elle se met en quête d’une étudiante pour s’occuper de son bébé trois jours par semaine dans l’espoir de se remettre à l’écriture. C’est ainsi qu’elle rencontre Sam, jeune femme brillante, issue d’une famille aimante, mais endettée par le financement de ses études. Au fil des semaines, elles vont développer une relation faite d’affection et de saine curiosité, chacune étant attirée par ce que l’autre représente. Elisabeth, tournée vers elle-même, s’intéresse à la vie de Sam comme s’il s’agissait de la sienne et voit en elle tous les choix d’une vie à faire. Sam est flattée par l’intérêt que lui porte Elisabeth dont la vie lui paraît parfaite. Quelle influence auront-elles l’une sur l’autre à cette croisée des chemins ? Après Les débutantes, Maine, Les liens du mariage, Les anges et tous les saints, publiés aux éditions Rue Fromentin, « Les affinités sélectives » est le premier roman de J. Courtney Sullivan aux Escales. Son histoire nous plonge dans l’intime de ses personnages et n’oublie aucun des aspects qui constituent le terreau de chacun, base de la nature des relations qu’il nourrira et de la vie qu’il construira : l’enfance, les parents, les fratries, les amis, les enfants, le couple ... C’est également un vibrant plaidoyer pour les plus démunis, les laissés-pour-compte de la société américaine, ceux pour qui aucun choix ne se présentera. Quel plaisir de retrouver son talent pour dire les choses de la vie !
Originaires d'une ville de l'est de la France, région de prédilection de l'auteur, puisque l'intrigue de son prix Goncourt « leurs enfants après eux » s'y déroulait déjà, Hélène et Christophe, la quarantaine font le point sur leur histoire, ce qu'ils étaient, ce qu'ils sont devenus et ce qu'ils désirent devenir. Les personnages bien campés sont les témoins et les acteurs d'une société où la position sociale est largement déterminée par l'environnement familial duquel on peut parvenir à s'échapper pour un temps avec une volonté farouche, comme celle d'Hélène. le style est magnifique, les situations et les parcours des protagonistes sont scrutés à la loupe et restitués de façon réaliste et crue. La transfuge de classe et le joueur de hockey bien accroché à son terroir nous font passer un excellent moment de lecture au travers de leurs destins respectifs.
Deux amis, passionnés de littérature et de de nature, partent en canoé sur le fleuve Maskwa pour un périple de plusieurs semaines. Mais la nature se révèle d’autant plus belle qu’elle est dangereuse et le voyage prend peu à peu des allures de tragédie. Un magnifique roman, poétique et émouvant. La nature y est sublimée dans toute sa puissance, sa beauté et sa dangerosité, comme un écrin sublimant la personnalité secrète des deux héros. A la fois extrêmement concrète sur la façon de vivre seul en pleine nature et de déjouer les piège de l’eau, cette histoire reste avant tout une magistrale ode à l’amitié, toute en sensibilité et en retenue, et nous rappelle que l’homme est bien peu de chose face à la force vitale de la Nature.
Etienne a organisé un dîner avec ses amis de longue date, Johar et Rémy. Sa compagne Claudia, qui a emménagé chez lui depuis peu, a passé la journée à préparer le repas. Johar est en retard et préoccupée par la réponse qu'elle doit donner à une promotion. Rémy pense à celle avec qui il préférerait être. Seul Etienne s'investit dans cette soirée. Intéressé par la réussite de Johar, il espère obtenir des faveurs pour son cabinet. Au fil de la soirée chacun fera face à ses vérités, la tension monte habilement jusqu'au dénouement. Cécile Tlili réussit brillamment une fine analyse de la situation et des personnages qui sonne juste.
Un président, fraîchement élu raconte la façon dont il vit une charge qu’il a souhaité, mais dont il mesure toute la difficulté, surtout quand quelques affaires louches lui collent aux basques. On y reconnaîtra des analogies avec notre situation actuelle qui peine à conjuguer sereinement une démocratie issue des urnes et une démocratie sociale directe.L’invention et la mise en œuvre d’un procédé permettant de rajeunir l’homme, revendiquée sous forme de chantage par Vladimir Poutine offre un moment croustillant de la lecture parmi d’autres idées facétieuses du même genre qui véhiculent un humour consolidant des réflexions intéressantes.
Plongés en plein coeur du XVIIème siècle, nous voici transportés à Londres où le cadavre d'un jeune garçon exsangue est retrouvé. Qui sont les coupables ? les papistes ? les niveleurs ? ou un malade ? bien malgré eux, Harry et son maître Robert Hooke se retrouvent plongés dans cette sombre histoire, où la science se mêle aux superstitions les plus archaïques.
Superbe épopée de la marche du monde, exposant du point de vue des pratiques économiques les évolutions sociétales différenciées selon les pays. Des choses compliquées y sont exposées avec un grand souci pédagogique et magnifiquement illustrées pour être rendues compréhensibles par le plus grand nombre. L’exercice était difficile, car, rendre compte de façon résumée d’un aussi vaste domaine de connaissances et d’évènements a conduit à faire des choix de mise en valeur de tel ou tel aspect engageant forcément une subjectivité de l’auteur. Les solutions proposées à la fin de l’ouvrage et découlant de tout ce qui précède, paraissent d’un tel bon sens, qu’on se demande pourquoi elles ne rencontrent pas un écho résonnant plus fort !
Riche idée que cet album en BD qui concentre l’essentiel de la marche du monde sur cette période. Le souci pédagogique de l’auteur est évident, et les petites réflexions humoristiques qui accompagnent les dessins sont les bienvenues et égayent l’ensemble. L’exercice était difficile, et, l’exhaustivité revendiquée par l’auteur nuit un peu à la compréhension d’une géostratégie mondiale sur une période aussi longue et compliquée. Aussi, il faudra sans doute lui préférer une lecture discontinue par paliers autorisant une meilleure digestion et l’opportunité de compléter des points obscurs par d’autres sources.
Une femme passe le week-end au bord d’un lac avec son amant qu’elle appelle « M ». Le premier matin à son réveil M n’est pas là, il est sans doute aller se baigner comme souvent mais en regardant le lac elle l’aperçoit il flotte à la surface, il est mort ! C’est l’effarement, la sidération. Il faut rendre le corps à son épouse ? Non, elle ne veut pas s’en séparer, elle va le garder pour elle encore un peu. Elle décide alors d’écrire à l’épouse de M, tout lui raconter, leur amour depuis 8 ans, la rassurer en lui affirmant que M aimait sa femme et n’avait jamais envisagé de la quitter mais aussi son histoire personnelle. Elle y aborde tous les thèmes, ses relations amoureuses avant la rencontre avec M, les difficultés de la maternité, de trouver sa place dans la société. C'est un livre féministe dans le bon sens du terme.
Claire est une enseignante pour enfants handicapés. Très heureuse dans son travail, elle se montre volontiers maternelle et affectueuse avec ses élèves. Jusqu'au jour où le jeune Gabriel Noblet apparaît dans sa classe. Accusée du pire, elle ne saura plus si elle doit clamer son innocence ou se reconnaître coupable. une plongée dans la psychée d'une femme broyée par l'institution et le qu'en dira-t-on. Alice Ferney observe avec sa délicatesse habituelle les méandres de la culpabilité qui envahit celui qui est déclaré coupable jusqu'à le rendre incapable de se défendre.
Un thriller psychologique qui met en scène les habitants d’une maison à l’orée du bois. Il y a 11 ans déjà que Ted a été suspecté du meurtre d’une petite fille, depuis il vit en reclus dans sa maison, barricadé avec son chat et sa fille Lauren. Tour à tour nous sommes plongés dans sa psychée, celle de sa chatte Olivia, celle de sa fille Lauren ; et les fêlures se font de plus en plus obsessionnelles tandis qu’une nouvelle voisine s’installe dans le quartier et semble bien peu innocente… mais les apparences sont toujours trompeuses et Catriona Ward s’emploie à brouiller savamment les pistes.
Ce livre relate pendant cinquante ans la vie d'une famille algérienne dans le nord de la France, l'espoir de retour au pays pour Yamina la maman, la fierté du couple pour la réussite scolaire de leurs enfants (dix vivants et trois décédés. Abdelkrim Saifi évoque d'une très belle écriture la vie de ces familles algériennes arrivées dans le Nord dans les années 50 et la solidarité qui les unit loin de leur pays.
Une description saisissante de la colonisation de l’Algérie au 19 ème siècle qui ne nous rend pas fiers de l’avoir accomplie. Le roman met en scène alternativement l’installation et la vie d’une famille de colons dans des chapitres intitulés « rude besogne » et la pacification par l’épée des populations indigènes dans des chapitres intitulés « Bain de sang ». La souffrance des colons et la cruauté des soldats sont racontés avec une grande force évocatrice, on retient son souffle devant ce chaos et la folie ambiante restituant l’absurdité et la bêtise humaine sur un rythme effréné.