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Récit
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«Je me moque de la peinture. Je me moque de la musique. Je me moque de la poésie. Je me moque de tout ce qui appartient à un genre et lentement s'étiole dans cette appartenance. Il m'aura fallu plus de soixante ans pour savoir ce que je cherchais en écrivant, en lisant, en tombant amoureux, en m'arrêtant net devant un liseron, un escargot ou un soleil couchant. Je cherche le surgissement d'une présence, l'excès du réel qui ruine toutes les définitions. Je cherche cette présence qui a traversé les enfers avant de nous atteindre pour nous combler en nous tuant.»
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Chez nous on cache son visage. Le corps, pas d'importance. Le corps va nu sous le soleil, le blond soleil qui brûle le jour, qui brûle la nuit. Car chez nous il n'y a pas de nuit. Ce qu'on appelle la nuit c'est par commodité, quand l'amour vient aux amoureux, quand deux corps se serrent l'un contre l'autre comme deux épis de blé sous le même vent. Quand deux amants mélangent leurs jambes, on dit qu'ils font la nuit. Une nuit privée, une petite nuit de rien du tout pour deux personnes, deux corps légers sous le soleil. Même quand ils font la nuit, les amants ne se montrent pas le visage. Interdit. Intouchable. Impensable.
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Écrit par un jeune homme de 26 ans, ce livre relate sa traversée de la folie puis sa rémission défiant tous les pronostics médicaux ; traversée et rémission aussi bien psychiques que spirituelles. De sa descente en enfer il semble qu'il soit sorti avec une nouvelle vie, éclairée par l'écriture. Incandescence noire, incandescence lumineuse, ce livre est une chronique des jours qui brûlent.
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L'arrière-pays de Christian Bobin
Dominique Pagnier, Lydie Dattas, Christian Bobin
- L'Iconoclaste
- 3 Octobre 2018
- 9782378800314
Sa vie, c'est d'écrire. Jamais il n'a bougé du Creusot, sa ville natale, ou seulement pour lui référer la forêt distante de quelques kilomètres. Son oeuvre est immense et singulière. Plus d'une soixantaine de livres qui, entre eux, se font écho. Pourtant il en manquait un qui éclaire l'ensemble. Un livre qui dise son arrière-pays, comment il s'est construit, ce qui l'a formé. Pour y répondre il fallait des écrivains, eux aussi, dont la parole soit juste. Sous leur plume, on comprend. L'enfance au sortir de la guerre, les ombres familiales, les premiers écrits et très tôt l'importance des poètes, des rencontres, des noirs de Soulages et des notes de Bach.
Mais cet éclairage resterait imparfait si Christian Bobin n'avait pas accepté d'ouvrir ses carnets, prolongeant le texte de sa voix, pour que se dessine le sens d'une vie.