Un dernier voyage pour Edith qui, accompagnée de son mari et de ses quatre enfants part en suisse pour déclencher sa mort assistée. Réminiscence des voyages effectués ensemble autrefois au quatre coins du globe, ce voyage n’a pas la même légèreté, mais, la famille est unie et complète pour entourer d’amour l’être cher qu’on va devoir quitter. Chacun des voyageurs s’exprime tour à tour pour décrire sa situation professionnelle, familiale et son appréciation de l’évènement qui les réuni. L’ensemble des récits successifs s’agrège pour constituer un tout narratif très direct et factuel, l’émotion est palpable mais doit rester en retrait pour ne pas altérer la décision d’Edith. Un sujet lourd à évoquer, mais, l’amour, la tendresse et l’humanité déployés dans ses pages constituent une ode à la vie.
Il n’avait pas vu son père depuis 22 ans, il apprend sa mort et se rend à ses obsèques. En triant ses affaires, il découvre un carton rempli de cassettes audio qui racontent les épisodes d’une vie qu’il ne connaissait pas ! Le fils, musicien célèbre interrompt ses tournée internationales et part à la recherche des traces qu’a laissées son père dans les enregistrements audio miraculeusement retrouvés. Un roman d’une grande sensibilité et d’une grande pudeur évoquant la vie d’un immigré marocain d’une grande humanité qui se sacrifie pour sa famille et ses amis.
Sylvia Wren, peintre octogénaire mondialement connue, vie recluse avec sa compagne Lola au Nouveau Mexique. Alors qu'elle sent sa fin approcher et qu'elle est confrontée à son passé par une journaliste, Sylvia se plonge dans ses souvenirs. Ne voulant pas que l'histoire des femmes de sa famille tombe dans l'oublie, elle la rédige dans des carnets, tel un journal. Mais qui est donc Iris Chapel et qu'est-t'il réellement arrivé à ses soeurs ? Dans ce roman à l'atmosphère gothique, Sarai Walker nous délivre une histoire déchirante qui résonne dans l'âme de toutes les femmes.
Une réflexion profonde sur le viol et l’inceste qui a souvent été évoquée dans d’autres ouvrages récents qui accompagnent un profond besoin de témoignage et de libération de la parole des femmes. L’originalité et la force de cette narration repose sur la relation qu’instaure l’autrice avec le lecteur, en lui faisant part de ses doutes, de son incertitude sur le bien fondé de son écriture, mais aussi de son désir d’intervenir pour protéger d’autres victimes de son prédateur. Elle s’interroge également de façon pertinente, mais sans complaisance sur la personnalité et les motivations du prédateur. La crudité et la violence de certaines descriptions confirment et justifient, s’il en était besoin, le bien fondé de la décision de l’autrice de nous offrir ce brûlant témoignage.
Une autobiographie qui promène le lecteur dans le monde des échecs que l’auteur a côtoyé de très près et qui nous en apprend beaucoup sur le sujet. L’écrivain nous décrit son monde, sa soif et son besoin d’écrire, les difficultés de l’exercice de traduction qu’il expose avec son travail sur « le joueur d’échecs » de Stefan Zweig et de nombreuses anecdotes sur les champions et leurs parties légendaires. Un bonheur de lecture, un hymne à l’art d’écrire.
Dans ce premier roman, Jens Liljestrand nous emmène passer les derniers jours d'août dans le nord de la Suède ravagé par des incendies de forêt. Habitants et vacanciers sont invités à fuir, notamment un couple et ses trois enfants. Nous suivons les événements au travers du récit du père, puis de son ancienne maîtresse devenue influenceuse, de la fille aînée plutôt dégourdie et enfin du fils d'un joueur de tennis ayant eu son heure de gloire. Ce récit, tellement plausible, nous tient en haleine jusqu'à la dernière page et nous pousse à nous interroger sur nos choix de vie et ce que nous pouvons faire pour notre planète.
Prix des lecteurs de Chennevières sur marne 2023
6 juin 1944, un débarquement raconté en quelques chapitres courts, d’un réalisme saisissant pointant les dangers de noyade des occupants de barges incertaines, sombrant ou débarquant les soldats avant qu’ils n’aient pied en portant une charge d’équipement lourde. Andrew était l’un de ces jeunes soldats américains mais son héroïsme a été plus contraint que volontaire et il décide avant de mourir de revoir les endroits où il a pu s’abriter et revivre le calvaire de son cheminement sur Omaha Beach. Magali, guide des plages du débarquement, en galère familiale accueille ce vétéran solitaire, venu à l’insu de sa famille et qui a gardé un souvenir très précis des lieux. Ce très beau roman, touchant, fait se rapprocher deux solitudes, deux détresses qui se rencontrent fortuitement et se réconfortent. Avec une narration fluide et addictive, au plus prêt de l’action et des sentiments, Hugo Boris embarque le lecteur dans une histoire poignante qui révèle le caractère fragile et aléatoire des destinées.
Molly Gray a grandi avec sa grand-mère et a toujours eu une vie ordonnée et rythmée par les tâches du quotidien. Elle est femme de ménage dans un hôtel de luxe et adore tout ce qui constitue son travail, en particulier l'immense satisfaction de redonner à chaque chambre la « perfection initiale », et aussi le fait qu’il lui permet de contourner ses problèmes de communication sociale par le cadre et les règles qu’il impose. Mais un jour elle découvre un bon client de l'hôtel mort dans la chambre d’une des suites. C'est le début d'un cocasse imbroglio digne d’une bonne pièce de boulevard. Ce premier roman de Nita Prose, éditrice canadienne, dans la veine des « cosy mysteries», fait la part belle à la différence de personnalité de Molly et au mérite d’une "invisible". Le récit à la première personne nous permet de bénéficier du langage et de l’érudition de Molly, méticuleuse dans le choix de ces mots autant que dans son travail. Lecture douillette assurée !
Yacine Cheraga, jeune algérien est exfiltré de son douar natal par le caïd local qui l'envoie renforcer le 7ème RTA(Régiment de Tirailleurs algériens) à la place de son fils. C'est le début de l'aventure pour Yacine, qui va d'abord découvrir l'enfer des tranchées de la guerre de 1914-1918, mais aussi tisser des liens d'amitié et de solidarité qui auront tout leur sens pour accompagner les péripéties qui l'attendent à son retour au pays. Ballotté contre son gré dans une succession d'embûches qui vont nourrir une formidable épopée magnifiée par la virtuosité de la construction romanesque de l'auteur, notre héros trouvera, grâce à une grande résilience et une indéfectible humanité, amour et pardon.
Un grand roman dont les héros sont les vers de terre ! Les deux amis étudiants à AgroParisTech, Arthur et Kevin, pétris des bonnes intentions des « bifurqueurs » vont nous instruire sur l’importance de ces asticots qui, à condition qu’on cesse de les euthanasier par la chimie agricole sont source de vie des sols. Le pari du roman sur un tel sujet était osé, mais il est réussi car toute la problématique est là, oppressante à souhait, et, avec nos deux amis « aventuriers d’une arche perdue » on aimerait trouver des solutions pour sortir de cet engrenage infernal assassin de la biodiversité. Les choix de vie de chacun d’eux, radicalement différents sont des tentatives de redresser la barre qui se heurtent à des obstacles infranchissables, générant une frustration irréductible. Excellent roman, exaltant à un retour à la nature en se fondant dans un humus riche du travail ces petites bêtes !
"Elle a dit, c'est génial finalement, considère q'on est deux filles d'une seule et même famillre : l'une fera des maths et l'autre des lettres. Nos parents auront le sentiment d'avoir accompli une progéniture parfaite." Rachel et Adèle, deux filles de familles bourgeoises sont amies depuis l’adolescence. Leur milieu familial les prédispose à des cursus d’études universitaires distinctes. Rachel, après des études littéraires deviendra une romancière traduite dans le monde entier et Adèle, mathématicienne, raflera presque tous les prix scientifiques. Mais on apprend très vite qu’Adèle mettra fin à ses jours à l’âge de 46 ans, sans raison apparente ni explication. L'auteur, par le biais de la narratrice, Rachel, analyse la complexité d'une amitié passionnée, profonde mais cyclique.
"Elle a dit, c'est génial finalement, considère q'on est deux filles d'une seule et même famillre : l'une fera des maths et l'autre des lettres. Nos parents auront le sentiment d'avoir accompli une progéniture parfaite."
Rachel et Adèle, deux filles de familles bourgeoises sont amies depuis l’adolescence. Leur milieu familial les prédispose à des cursus d’études universitaires distinctes. Rachel, après des études littéraires deviendra une romancière traduite dans le monde entier et Adèle, mathématicienne, raflera presque tous les prix scientifiques. Mais on apprend très vite qu’Adèle mettra fin à ses jours à l’âge de 46 ans, sans raison apparente ni explication.
L'auteur, par le biais de la narratrice, Rachel, analyse la complexité d'une amitié passionnée, profonde mais cyclique.
Au Rwanda en 1994, le massacre des Tutsis par les Hutus est l'objet de ce roman ou la jeune Tutsie « Magnifique » incarne toute l'étendue et l'horreur de ce génocide. Un roman d'une très grande force évocatrice par la sobriété de la narration au regard de l'atrocité du massacre. Au déchaînement de la violence, Magnifique oppose un instinct de survie incroyable qui lui permettra d'être sauvée par Jérôme, membre actif du CICR (Comité International de la Croix Rouge).Sauvetage, réparation (seulement physique), résilience, sauveront les apparences, mais des blessures profondes et durables subsisteront. L'analyse faite par l'auteur de ces évènements, des rapports de force, des attitudes étrangères (dont la force turquoise de la France) tente de trouver des explications sans vraiment y parvenir. Excellente évocation de la survenance d'un génocide dont on peine pas à imaginer qu'il a eu lieu et qu'il pourrait se reproduire!
Inceste, alcoolisme, les tares des romans de Zola hantent encore certaines familles dans ce petit village reculé de Normandie. Que deviendra la petite Françoise, fruit d'un adultère, haïe autant de sa mère que de son "père" ? Se laissera-t-elle écrasée par le poids de l'hérédité ou saura-t-elle s'inspirer de la pureté de sainte Thérèse de Lisieux qui l'a aidée à recouvrer la vue ? Une histoire très forte teintée des ombres qui naissent aux flammes de la colère...
Ancienne toxico, ayant fait de la prison pour vol de cadavre, Tookie est devenue libraire et mène une vie normale jusqu'à ce qu'une fidèle cliente décide, après sa mort, de hanter la librairie. Désormais Tookie ne pourra plus jouer les amnésiques.... Mêlant adroitement humour et fantaisie, Louise Erdrich n'en évoque pas moins un sujet sérieux : l'intégration forcée des autochtones et les souffrances qui en ont découlées. A travers une galerie de personnages tous plus ou moins fantasques, elle évoque avec amour les petites manies des lecteurs et le lien qui se crée avec leur libraire, partageant au passage une liste non exhaustive des livres qu'elle préfère.
A travers une génération de femmes, Catherine Baldissrri évoque la tradition du fil de soie marin, matière produite par des nacres sous-marines qui permettait de créer une sorte de soie brune au reflets dorés. Ode à la mer et aux tisserandes qui consacrent leur vie à ce métier de patience et de tradition, cette fable écologique explore la condition féminine à travers le respect de la nature et imagine comment notre modernité doit chercher à s’en saisir.
Une société dans laquelle, les valeurs accordées à la sexualité et aux plaisirs de la table seraient inversées, voilà l’idée originale développée par l’autrice, Mme « Reine Claude » y est proscrite pour ses activités subversives de gastronomie, le standard de nourriture est la barre sustentive anaromatique ayant éloigné la notion de nourriture différenciée et les pratiques sexuelles sont banalisées, plus de retenue, plus de mystère. Une trame romanesque drôlissime mettant en boite et pointant avec humour des comportements guidés par des règles tacites de vivre ensemble d’un conformisme confondant. Mais la résistance existe et s’organise et laetitia y souscrit pleinement. La redécouverte de la confection de la ratatouille sous la baguette de la cheffe Jenni est passage particulièrement réjouissant ! Excellent premier roman qui réhabilite l’art de la cuisine !
C’est la guerre à Sarajevo et Omar, 10 ans, se retrouve séparé de sa mère. Il passe ses journées à la fenêtre en espérant qu’elle revienne. Un jour un bus humanitaire vient chercher un certain nombre d’enfants pour les emmener en Italie pour les protéger de la guerre. Le voyage est dangereux, ils sont placés dans un orphelinat puis dans des familles d’accueil. Certains s’adapteront au risque d’oublier leurs origines, leur langue et leur souvenirs. Omar résiste, il ne veut pas être adopté, il veut retourner dans son pays et retrouver sa mère. Rosella Postorino brosse un portrait touchant de ces enfants exilés qui sont toujours les victimes de la folie des hommes.
Gio a reçu un coup de tournevis dans le crâne et en a miraculeusement réchappé, mais il n’est plus le même depuis : désormais la nuit l’appelle et l’emmène planer vers les étoiles. Mais comment échapper à un destin de violence ? Accompagné d’un jeune muet et d’une gamine de 16ans, qui attise les convoitises masculines, le voilà parti sur les routes ou plutôt dans les trains. Un beau texte, à la langue tout à la fois brute et poétique, à l’image de ses personnages qui oscillent entre la cruauté la plus primitive et la sainte innocence. Un road-movie tragique qui chante la beauté cruelle des gitans.
Dans la Bulle Monde, où les sept cités flottantes vivent sous un même gouvernement, Meiji et Andy fuient la cité Rocheuse pour essayer de dénouer le complot qui a coûté la vie de plusieurs de leur proches. Au même moment, Kerwan et Alexandre, enfants de politiciens quittent la Capitale Mirage en quête de réponse sur la mort de la mère du deuxième. Lorsque leurs chemins se croisent, les quatres jeunes décident de s'entraider. Et si la mort des grimpeurs et celle de la mère d'Alexandre étaient liées ? L' existence de la Bulle Monde telle qu'ils la connaissent est menacée, et eux seuls pourront empêcher la catastrophe. Fantaisie et intrigues se mélangent pour un superbe premier roman !
Construit comme un roman historique, nous sommes plongés dans la Somme de l'après-guerre à la recherche des corps enfouis des soldats à qui il faut fournir une sépulture décente. C'est dans ce paysage de fin du monde qu'échoue Amy, jeune anglaise à la pousuite de son fiancé disparu. Mais la situation n'est pas aussi simple qu'il n'y paraît et les zones d'ombres s'accumulent tandis que la jeune femme découvre le monde des soldats et les conditions extrêmes auxquelles ils ont été soumis. Nouveau talent à ne pas rater !
Irène, une petite jeune fille serveuse dans une guinguette des bords de Marne rencontre Georges un beau jeune homme qui ressemble à Rudolph Valentino. Ils vont rapidement se marier mais Georges est volage et Irène est souvent seule et n’a que très peu d’argent. Elle va faire connaissance de Madeleine qui avec son amie Jeanne font partie de la grande bourgeoisie. Madeleine va sympathiser avec Irène et pour l’aider va l’employer comme couturière. Bientôt, elles vont toutes les trois attendre un enfant. Le même jour Irène donnera naissance à une fille «Arlène», Madeleine à un garçon «Daniel» et Jeanne accouchera deux semaines plus tard de jumeaux «Thomas» et «Marie» . Ces quatre enfants seront pratiquement élevés ensemble et deviendront inséparables. En grandissant ils ont chacun leur rêve mais pour les réaliser ils devront se battre et ce ne sera pas sans drame. Tout en nous faisant découvrir le destin de ces enfants Jean-Michel Guénassia, toujours avec brio, développe une fresque historique des années 1930 à 1970. Un livre passionnant à ne pas rater.
En fuite d'un passé trop douloureux, Amélia échoue au bout du monde dans un petit village à l'ombre d'un volcan. Accueillie dans un hôtel qui se délabre lentement, elle finit par rester, retrouvant peu à peu ses marques et sa volonté de vivre grâce aux êtres qui l'entourent. Une série de rencontres, d'échecs et de petites victoires va lui permettre d'entamer une lente reconstruction d'elle-même dans un paysage en sursis. Construit par petites touches, le roman se déploie comme une fresque apparaissant peu à peu sur les murs d'un vieil hôtel abandonné, et nous rappelle que la vie oscille sans cesse entre enfer et paradis : mais n'est-ce pas ce qui fait sa beauté ?
Une réécriture féministe de la vie de Lucrèce de Médicis , morte à 16 ans, un an après son mariage. Maggie O’Farrell explore la difficulté d’être femme à une époque où les seules aspirations d’une jeune fille bien née doivent être celles de se marier et avoir une descendance. Lucrèce, intelligente et artiste dans l’âme, tente de se faire une place vivable dans un monde où ses seuls désirs doivent être ceux de sa famille puis ceux de son époux, comme si son individualité ne pouvait être que mauvaise.